Certains discours de Jésus rapportés dans les Évangiles ressemblent furieusement à des paraboles…
Textes : Matthieu 12, 33-37

« Supposez qu’un arbre soit bon, son fruit sera bon ; supposez-le malade, son fruit sera malade… »
Gérard : J’étais à un colloque de deux jours avec le directeur des Ressources Humaines, mon chef. C’est un homme cynique, qui cache sa froideur et son manque d’empathie derrière des sourires hypocrites et une fausse bienveillance. Il a « beaucoup de ressources, peu d’humanité », comme on dit dans le milieu.
« … c’est au fruit qu’on reconnaît l’arbre. »
Le premier matin, il a pris la parole. Son discours, subtil, parlait des difficultés d’intégration de personnes issues de cultures étrangères. Il fallait entendre : les arabes, les musulmans. Il vendait son idéologie nauséabonde avec des phrases alambiquées comme « il faut reconnaître le challenge de concilier les valeurs occidentales de tolérance et de respect de la différence avec les attitudes parfois légalistes, empreintes de préjugés, de sociétés patriarcales ». J’étais écœuré… Dans mon précédent job, j’avais deux musulmans dans mon équipe, dont une femme voilée. Je me félicitais chaque jour de leur présence.
« Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais ? … »
Mais comment attendre un autre discours de la part d’un type comme lui ? Je sais à quelle profondeur le racisme s’enracine chez cet homme. Je n’écoute plus ses arguments ; quand il nous fait un de ses discours moralisateurs, je pense à autre chose.
« Car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »
Un jour, je le provoquerai, je le forcerai à exprimer le fond de sa pensée, et ce jour-là tout le monde saura qui il est vraiment. Je le confondrai, il n’y survivra pas.
« L’homme bon, de son bon trésor, retire de bonnes choses ; l’homme mauvais, de son mauvais trésor, retire de mauvaises choses. »
Des personnes comme lui n’ont pas leur place dans une société tolérante et ouverte.
« Or je vous le dis : les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole sans portée qu’ils auront proférée. »
Sylvie : Gérard, écoute-toi ! tu as utilisé ses paroles, ou du moins la façon dont tu les interprétais, pour juger cet homme, et tu en as conclu qu’il était mauvais. Comme il est mauvais, tu juges tout ce qu’il dit sur base de cette image négative que tu as de lui. A leur tour, ses paroles renforcent tes préjugés contre lui. Tu es enfermé dans un cercle qui ne te laisse aucune chance d’accéder à sa part lumineuse. Tout le monde a une part lumineuse ! Tes préjugés, tes certitudes t’enferment autant qu’elles l’enferment lui.
« Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié, et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné. »
Tu le juges d’après ses paroles, mais écoute les tiennes ! Quelle différence entre le mépris que tu perçois chez lui envers les musulmans, et le mépris que tu as pour lui ? Crois-tu qu’il ne le sente pas, et qu’il n’en souffre pas ? Pourquoi lui fais-tu, à lui, ce que tu ne veux pas qu’il fasse aux autres ?
Sors de ce cercle vicieux, Gérard, change ton regard sur cet homme.