Une lecture de la première épître aux Corinthiens.
Texte : https://lire.la-bible.net/lecture/1+corinthiens/11/1
Chapitre 11 : St Paul et les femmes.
"Si nous nous examinions
nous-mêmes,
nous ne serions pas jugés"
Pourquoi les féministes devraient utiliser St Paul pour soutenir leurs revendications.
L’épître bascule à nouveau dans la parabole de dénonciation, avec un langage de puritain satisfait de lui-même. L’accent est mis sur les traditions, pour en rappeler certaines dans leur forme la plus rigide. Une hiérarchie sévère est établie (v. 3), et le sujet du voile est traité de façon aussi raide dans le ton qu’absurde dans le raisonnement. Pas de discussion possible : une femme doit être voilée, sinon c’est comme si elle était rasée. Pourtant le voile a pour but de cacher les cheveux, symbole de séduction ! D’ailleurs, au verset suivant, il est demandé aux femmes non-voilées de se faire tondre ! Tout cela pour « prouver » qu’une femme doit être voilée. On reconnaît le langage des gardiens des conventions, qui n’en sont jamais à une approximation près pour les imposer aux autres. Tout cela est bancal, inconsistant, et c’est exactement ce que Paul veut nous montrer. Le dernier verset résume :
10Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête une marque d’autorité, à cause des anges.
A cause des anges, autrement dit, sans raison précise. St Paul ferait-il de l’humour ?
Par contraste, on trouve dans la suite la version spirituelle, et elle prend une tout autre tournure :
11Pourtant, la femme est inséparable de l’homme et l’homme de la femme, devant le Seigneur. 12Car si la femme a été tirée de l’homme, l’homme naît de la femme et tout vient de Dieu.
Toutes ces hiérarchies du pur et de l’impur fondent comme neige au soleil devant la gloire de Dieu et la véritable relation d’amour. Quant à savoir si c’est scandaleux ou pas de montrer ses cheveux, St Paul nous dit :
13Jugez par vous-mêmes […]
Et le dernier verset, comme toujours, met en garde contre la tentation de la sédition, de la révolte et du scandale, trop souvent les corollaires du désir de liberté :
16Et si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude et les Eglises de Dieu non plus.
St Paul, pour augmenter la force de frappe de ses paraboles, n’hésite pas à aborder les sujets les plus scabreux et polémiques, il nous scandalise souvent par le choix de ses thèmes. C’est qu’il y a réellement un obstacle, une pierre d’achoppement, à dépasser, à franchir, et ce scandale c’est nous et notre violence, bien plus que le texte. Paul traite le mal par le mal. En abordant frontalement, et sur le ton du puritanisme et du sectarisme le plus sec, les tabous de nos sociétés – les interdits, la sexualité – il en montre non pas le caractère scandaleux, mais la façon dont nous en faisons des choses scandaleuses. Il démonte l’hypocrisie et l’absurdité des lois humaines, et c’est en nous invitant à arracher nous-mêmes les chaînes de nos servitudes qu’il nous propose la liberté et l’amour. La mise en garde qui suit est systématique chez Paul : vous n’aurez jamais la liberté sans vous soumettre corps et âme à l’Amour, parce que seul l’amour rend conscient, et seule la conscience rend libre. Il témoigne lui-même de cette liberté dans un cri d’amour à l’idéal féminin, si éloigné des imprécations qui précèdent :
15Tandis que c’est une gloire pour la femme [d’avoir les cheveux longs], car la chevelure lui a été donnée en guise de voile.
Poète et amoureux, St Paul ? Il suffit de sauter deux chapitres plus loin pour s’en convaincre.
Auteur : Hervé van Baren
Ingénieur, visiteur de prison et engagé en non-violence Afficher tous les articles par Hervé van Baren