St Paul, prophète de l’amour (14)

Une lecture de la première épître aux Corinthiens.

Texte : https://lire.la-bible.net/lecture/1+corinthiens/16/1

Chapitre 16 :  dernières recommandations.

"Je vous aime tous
en Jésus Christ."

Un appel à la tolérance et à l’espérance pour terminer l’épître.

Le dernier chapitre commence par ce qui ressemble à des considérations pratiques, des instructions pour la collecte et une information sur l’agenda de Paul pour les mois à venir. Il ne faut pas s’y laisser prendre, plusieurs indices montrent qu’on n’a pas encore quitté le langage parabolique. La collecte est « en faveur des saints », on en déduit qu’elle est destinée aux apôtres. Pourtant on voit mal les apôtres, à Jérusalem, ponctionner les lointaines Eglises pour mener grand train, ni même pour financer leurs activités missionnaires. Les saints et Jérusalem font sans doute référence aux saints des derniers jours et à la Jérusalem céleste établie sur terre ; c’est une allusion apocalyptique. La collecte ce sont les offrandes spirituelles faites au jour du Seigneur, pendant l’assemblée des croyants. On n’attend pas passivement la venue du Seigneur, on y participe activement par la prière.

6[…] il est possible que je séjourne ou même que je passe l’hiver chez vous, pour que vous me donniez les moyens de poursuivre ma route. 7Je ne veux pas, cette fois, vous voir seulement en passant, et j’espère rester quelque temps avec vous, si le Seigneur le permet.

La première visite de Paul, suggère le texte, c’était « en passant », sans faire véritablement connaissance. C’est assez peu crédible, si Paul est réellement celui qui a fondé l’église de Corinthe. Paul c’est nous, les Corinthiens c’est le texte lui-même. Dans le passé, nous l’avons lu superficiellement, à la manière des humains ; dans le futur, il sera révélation profonde mais éprouvante, hiver spirituel : les paraboles de l’épître mettent toutes l’accent sur notre violence, notre aveuglement, notre compromission à l’injustice du monde, notre idolâtrie. Cette épreuve est passage nécessaire pour pouvoir poursuivre le voyage spirituel. Jamais nous n’avançons quand nous évitons les crises.

Si Corinthe représente l’épître elle-même, qu’en est-il d’Ephèse ? Un livre qui nous parle jusqu’à la Pentecôte, c’est-à-dire jusqu’à la venue de l’Esprit, de nombreux adversaires et une porte grande ouverte à notre activité spirituelle. Serait-ce l’Evangile ? Timothée, ce compagnon qui voyage toujours de son côté, symbolise les autres religions, sans doute spécifiquement les juifs ; il convient de bien l’accueillir car « il travaille à l’œuvre du Seigneur, comme moi » (v. 10). Quant à celui ou celle qui comme Apollos, « ne veut absolument pas venir maintenant » (v. 12), celui qui rejette la Parole, il faut lui laisser le temps.

Dans le dernier verset, c’est le vrai Paul qui parle :

24Je vous aime tous en Jésus Christ.

Conclusion

Quelle profonde subversion de l’ordre humain que cette épître aux Corinthiens ! Rien de nos lâchetés, de nos mensonges, de nos compromissions et de notre violence ne nous est épargné. Cette révélation ne laisse pas pierre sur pierre de l’édifice bâti sur le mensonge que sont nos vies et nos sociétés. Il faut noter, cependant, que le langage parabolique ne fait rien pour accuser, pour culpabiliser ; il révèle sans juger. C’est l’humain que Paul incarne dans ses paraboles qui accuse et qui fait violence, tout le temps.

Ce langage est conçu pour apparaître seulement quand nous devenons capables de l’entendre. Quelle sollicitude ! Et si cette révélation se contentait de pointer les aspects négatifs, elle ne nous laisserait aucune chance de salut ; mais elle met surtout l’accent sur l’amour. L’amour n’est peut-être pas de ce monde, c’est l’unique transcendance qui traverse le réel, mais nous y avons accès, et nous savons que cet amour peut nous sauver grâce au témoignage de Paul de Tarse, cet homme discret, humble et inspiré, parce qu’il nous dit et il nous prouve que cet amour l’a déjà sauvé, lui.

Auteur : Hervé van Baren

Ingénieur, visiteur de prison et engagé en non-violence

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