St Paul, prophète de l’amour (3)

Une lecture de la première épître aux Corinthiens.

Texte : https://lire.la-bible.net/lecture/1+corinthiens/3/1

Chapitre 3 :     Sourds au langage de l’Esprit.

"C’est du lait que je vous ai fait boire,
non de la nourriture solide :
vous ne l’auriez pas supportée."

Si Paul affirme écrire son épître en langage spirituel, il précise aussitôt que celui-ci ne nous est pas accessible, que nous n’avons pas la maturité pour l’entendre, et que s’il nous était révélé il nous serait insupportable. Dès lors, nous lisons le texte comme « des petits enfants ». Implicitement, Paul décrit un autre langage présent dans le texte, un langage humain, charnel. Le langage spirituel dont il était question au chapitre deux est caché, et sa révélation ne pourra avoir lieu qu’au jour du jugement.

Le chapitre deux précise que le langage spirituel de l’épître est destiné aux « chrétiens adultes », or le chapitre trois commence par décrire les Corinthiens (c’est-à-dire nous) comme « des petits enfants en Christ ». Après nous avoir dit qu’il allait s’adresser à nous en langage spirituel, Paul annonce qu’au contraire, il va nous parler comme à des enfants, avec un langage du monde :

2C’est du lait que je vous ai fait boire, non de la nourriture solide : vous ne l’auriez pas supportée.

La raison ? Nous sommes « encore charnels », il y a chez nous « jalousies et querelles » (v.3)

Il y a là une contradiction, qui ne peut être levée qu’avec la dualité du langage parabolique, langage à plusieurs niveaux qui s’adresse aussi bien aux « enfants » qu’aux « adultes ».

Dans la suite, du verset cinq à la fin du chapitre, Paul va encadrer une belle réflexion sur la grâce et sur les œuvres humaines par des considérations sur notre tendance à idolâtrer les messagers, plutôt que de nous convertir au message qu’ils portent.

5Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs par qui vous avez été amenés à la foi ; chacun d’eux a agi selon les dons que le Seigneur lui a accordés.

21Ainsi, que personne ne fonde sa fierté sur des hommes, car tout est à vous : 22Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l’avenir, tout est à vous, 23mais vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce passage, qui place résolument l’humain au centre (« Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. » , v. 17), mais pour notre propos, retenons le conseil de Paul de ne pas « fonder notre fierté sur des hommes ». C’est à lui-même et aux autres prophètes et apôtres qu’il pense lorsqu’il écrit cela. Cet effacement de l’apôtre est crucial pour la compréhension de la suite de l’épître. En effet, c’est parce que nous n’avons pas résisté à la tentation d’idolâtrer les messagers que nous sommes incapables d’entendre le fond du message.

Les trois premiers chapitres insistent sur la nécessité d’un langage parabolique qui mêle le langage spirituel et le langage des humains. Les deux sont incompatibles, et le premier nous est inaudible, et quand il ne l’est pas il est insupportable. Bien mystérieux langage en vérité ! Comment la Parole de Dieu pourrait-elle nous être insupportable ? Ne sommes-nous pas assoiffés de cette eau vive ?

Auteur : Hervé van Baren

Ingénieur, visiteur de prison et engagé en non-violence

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